
Nous connaissons le traditionnel chassé-croisé sur les routes entre les juilletistes et les aoûtiens; chez MIS, nous connaissons davantage le chassé-croisé entre deux pays.
Fin septembre, Charles Muller est revenu en France après sept ans au Japon, pendant que Mamoru Ogawa retournait au Japon après 4 ans en France.
Comment s’est passé ce retour, comment ont-ils vécu leurs retours dans leur pays d’origine ?

Mamoru Ogawa (4 ans en France au sein de MIS)
» La situation sanitaire a compliqué mon retour au Japon : trois jours avant mon départ, le Japon a changé ses formalités administratives en demandant une attestation de test PCR en japonais; il a donc fallu que je rédige l’attestation et que je demande au médecin de signer l’attestation.
Le jour de mon départ (le 31 décembre 2020), la navette que je devais prendre pour rejoindre l’aéroport s’est arrêtée deux fois à cause d’accidents de circulation causée par la neige.
Cela m’a rappelé ma première journée en France (12 janvier 2017) : le train me permettant de rejoindre Caen est resté bloqué toute la nuit à cause d’un fort vent. J’ai passé toute la nuit dans le wagon : sans électricité, repas ni chauffage.
Une fois arrivé au Japon, j’ai réalisé un nouveau test PCR ainsi que de strictes vérifications, à chaque contrôle je sentais les regards inquiets des passants; ce qui me rendait mal à l’aise. Après être resté 2 h à attendre l’ensemble des résultats, j’ai pu rejoindre mon hôtel (face à l’aéroport) pour 14 jours de confinement autonome. Durant cette période, mon plus gros problème était les repas : l’hôtel ne proposant pas de « room-service », j’étais autorisé à me rendre dans le hall de l’aéroport de Kansai. Il y régnait une ambiance très particulière : aucun touriste, plus de la moitié des magasins et restaurants étaient fermés. J’ai vécu mes 60 ans confiné dans ma chambre d’hôtel sans gâteau, champagne ou encore vin rouge. Pour combler le manque d’exercices, j’essayais de réaliser mes 10 000 pas journaliers en me promenant plusieurs fois dans l’hôtel et le hall de l’aéroport. Le paysage commença à devenir rapidement identique et ennuyeux.
Le 16 janvier, après avoir passé 14 jours confiné, je suis rentré chez moi; je me suis très rapidement aperçu que la COVID-19 avait radicalement changé la façon de vivre au Japon : les trains et rues étaient comme déserts. La seule chose qui ne changea pas : le paysage à travers les fenêtres. Professionnellement, le télétravail était fortement recommandé.
Deux mois après avoir quitté la France, le pain, le vin, le fromage et le Calvados sont des aliments qui me manquent beaucoup ! »


Charles Muller (7 ans au Japon dont 2ans de Volontariat International en Entreprise pour IPDiA et 5 ans de détachement chez IPDiA puis Murata)
« À la différence de mon arrivée au Japon où les chocs culturels étaient omniprésents, le retour en France n’est pas quelque chose que je redoutais : j’ai retrouvé mes habitudes de vie personnelles avec ma famille et mes amis, ainsi que professionnelles en intégrant une équipe avec laquelle j’avais l’habitude de travailler. Cependant, je ne vais pas vous cacher que j’appréhendais mon retour à une vie « classique » avec des collègues physiquement présents : j’ai passé les 7 derniers mois au Japon en télétravail, seul et isolé de tout contact réel avec les équipes locales. Après un rapide temps d’adaptation, j’ai repris mes marques, tout en conservant de nombreuses habitudes de vie japonaises : j’ai toujours sur moi, un mouchoir à main en tissu (appelé « Hankatchi », dérivé de l’anglais « Handkerchief »), très utilisé au Japon. Il n’y a en général rien puis s’essuyer les mains lorsque vous allez aux toilettes à la gare, dans un restaurant ou même au bureau. Ce mouchoir est donc primordial pour se sécher les mains ou se rafraîchir le visage si besoin. Dans ma vie de tous les jours, j’ai également conservé les tenues traditionnelles d’intérieur, la surveste d’intérieur d’hiver appelée le « Hanten » et le « Jinbei » en été. En cuisine, j’emploie également des méthodes de cuisson japonaises pour allier les gastronomies nippones et européennes et je continue à préparer les thés en fonction des températures requises pour telle ou telle variété. »

Le saviez-vous ?
Depuis plusieurs mois; nous pouvons apercevoir Charles travailler avec des Charentaises aux pieds : « le confort, d’abord » nous explique-t-il.
Cette habitude de travail démarra peu avant ses études supérieures et non durant ses années japonaises. Cependant, il faut savoir qu’au Japon, on ne rentre pas dans une école, une usine, dans certains restaurants ou bien chez soi avec ses chaussures : un endroit spécial est réservé à l’entrée de l’établissement pour ôter ses chaussures de ville et mettre des chaussons ou sandales d’entreprise. Cette tradition consiste à respecter l’endroit dans lequel l’invité s’apprête à rentrer. Chaque Japonais a donc en sa possession ses propres chaussons mais, également plusieurs paires d’avance pour les invités !

